La vérité n'existe que dans votre tête.
Jong-su retrouve Hae-mi par hasard et accepte de s’occuper de son chat. Elle part en Afrique, revient avec Ben. Sourires, silences, ambiguïtés. Puis Ben parle de son hobby. Le doute s’installe, tenace et suffocant.
« Burning » de Lee Chang-dong s’impose comme l’une des œuvres les plus fascinantes et énigmatiques du cinéma coréen contemporain. Adapté d’une nouvelle de Haruki Murakami, ce thriller psychologique divise par sa complexité narrative et son rythme contemplatif, mais séduit invariablement par sa profondeur philosophique et sa maîtrise artistique. Le film explore avec une subtilité remarquable les tensions sociales de la Corée du Sud moderne à travers le prisme d’un triangle amoureux mystérieux. Malgré des notes publiques mitigées reflétant sa nature exigeante, « Burning » a conquis la critique internationale et représenté la Corée du Sud aux Oscars. L’œuvre transcende le genre du thriller pour devenir une méditation troublante sur la classe sociale, l’aliénation et l’incommunicabilité, confirmant Lee Chang-dong comme l’un des cinéastes les plus singuliers de sa génération.
La réalisation de Lee Chang-dong fascine par sa précision millimétrique et son sens aigu de l’atmosphère. Le cinéaste construit une tension palpable à partir d’éléments apparemment anodins, créant un suspense psychologique d’une rare intensité. Les performances des trois acteurs principaux, notamment celle de Steven Yeun en riche héritier énigmatique, sont saluées pour leur justesse et leur complexité. La photographie sublime capture à la fois la beauté des paysages coréens et l’oppression urbaine, tandis que la bande sonore minimaliste amplifie l’inquiétude sourde qui traverse le récit. L’adaptation du matériau de Murakami impressionne par sa fidélité à l’esprit de l’auteur japonais tout en ancrant fermement l’histoire dans la réalité sociale coréenne. Cette dimension sociologique, qui interroge les inégalités et la frustration générationnelle, enrichit considérablement la portée du film au-delà du simple thriller.
Le rythme délibérément lent et contemplatif de « Burning » constitue son principal écueil pour une partie du public. Avec ses deux heures et demie de durée, le film exige une patience que tous les spectateurs ne sont pas disposés à accorder, d’autant que l’intrigue progresse par touches impressionnistes plutôt que par révélations spectaculaires. L’ambiguïté narrative, si elle sert le propos artistique du réalisateur, peut frustrer ceux qui recherchent des réponses claires aux mystères soulevés. Certains reprochent également au film une certaine froideur émotionnelle, Lee Chang-dong privilégiant l’analyse sociologique à l’empathie avec ses personnages. La complexité des sous-textes politiques et sociaux peut également rendre l’œuvre hermétique pour les spectateurs moins familiers du contexte coréen. Enfin, le final ouvert, cohérent avec l’esthétique du film, laisse un sentiment d’inachevé qui divise entre admiration et incompréhension selon les sensibilités.
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